Bourse : Stéphane Boujnah (Euronext) apire à un Nasdaq à l’européenne

Stéphane Boujnah, PDG d’Euronext, a récemment déclaré qu’il aspirait à ce que l’Europe dispose d’une place boursière telle que le Nasdaq aux États-Unis. Cette déclaration de M. Boujnah est un plaidoyer en faveur de la consolidation des marchés européens, pour l’efficacité et la compétitivité. Ci-dessous, nous explorons les raisons qui ont poussé le PDG d’Euronext à faire une telle déclaration.

Un marché unique fragmenté

L’un des principaux problèmes du marché boursier européen est sa fragmentation. Contrairement aux États-Unis, où la majorité des actions sont négociées sur deux bourses principales, le New York Stock Exchange (NYSE) et le Nasdaq, l’Europe compte plus de 20 bourses. Les investisseurs doivent donc avoir des comptes sur les différentes places boursières européennes s’ils veulent investir dans plusieurs pays, ce qui rend l’accès au marché plus compliqué et onéreux.

Cette fragmentation affecte également la liquidité, car elle divise les ordres d’achat et de vente entre les différentes bourses, ce qui rend difficile la recherche d’un acheteur ou d’un vendeur pour une transaction donnée. Cela peut entraîner des prix différents sur chaque bourse, créant ainsi des opportunités d’arbitrage pour les traders qui utilisent ces différences de prix pour réaliser des bénéfices sans ajouter de valeur.

Enfin, cette fragmentation rend difficile l’émission d’obligations transfrontalières, car il n’y a pas de marché unique permettant aux émetteurs d’atteindre un public plus large et de bénéficier de conditions plus favorables.

Des coûts élevés

Les coûts sont un autre problème majeur du marché boursier européen. En effet, la concurrence entre les différentes bourses implique des coûts plus élevés pour les investisseurs, les courtiers et les émetteurs. Cela inclut les coûts de connexion, de données de marché, de compensation et de règlement, qui sont tous plus élevés qu’aux États-Unis.

Cette situation est exacerbée par le fait que certaines bourses offrent des avantages réglementaires ou fiscaux. Les sociétés cotées peuvent donc être tentées de s’inscrire sur une bourse plutôt qu’une autre pour bénéficier de ces avantages, ce qui augmente encore les coûts pour les investisseurs. En fin de compte, cela peut miner la compétitivité de l’Europe par rapport à d’autres régions du monde.

En outre, la concurrence entre les bourses européennes signifie qu’elles doivent toutes investir dans des technologies de pointe pour attirer les investisseurs. Cela se traduit également par des coûts plus élevés pour les bourses, qui doivent en retour répercuter ces coûts sur les investisseurs.

Les avantages d’un Nasdaq à l’européenne

La création d’un Nasdaq à l’européenne pourrait résoudre ces problèmes majeurs en consolidant les différentes bourses européennes en un seul marché unique. Cela rendrait l’accès au marché plus facile et moins coûteux pour les investisseurs, les courtiers et les émetteurs.

Cela renforcerait également la liquidité et réduirait les opportunités d’arbitrage pour les traders, ce qui est généralement bénéfique pour les investisseurs à long terme. En outre, une telle consolidation permettrait d’établir une réglementation plus homogène et cohérente, ce qui réduirait également les coûts et les obstacles réglementaires pour les émetteurs et les investisseurs.

Enfin, cela permettrait d’améliorer la compétitivité de l’Europe sur la scène mondiale, en créant un marché unique plus grand et plus liquide capable d’attirer davantage d’investisseurs et d’émetteurs internationaux.

Les défis à surmonter

Bien que la consolidation des marchés européens présente de nombreux avantages, il y a des défis à surmonter. Tout d’abord, il y a des obstacles réglementaires, qui varient selon les pays et les marches. Les gouvernements et les régulateurs nationaux peuvent avoir des intérêts différents, créant ainsi des obstacles politiques et juridiques pour une consolidation réussie.

De plus, les bourses existantes peuvent être en concurrence directe les unes avec les autres. Certaines bourses peuvent craindre de perdre leur influence en se regroupant, tandis que d’autres peuvent craindre que la consolidation ne les rende plus vulnérables aux risques de concentration.

Enfin, les divisions linguistiques et culturelles en Europe ajoutent une complexité supplémentaire. Les investisseurs ont des préférences différentes en matière de langue, de culture et de réglementation, ce qui peut rendre difficile la création d’un marché unique pour l’Europe entière.

Stéphane Boujnah a raison de souligner les avantages potentiels d’une consolidation des marchés européens en une seule bourse à l’image du Nasdaq. Cela serait avantageux pour les investisseurs, les courtiers et les émetteurs et renforcerait la compétitivité de l’Europe sur la scène mondiale.

Cependant, le chemin vers une telle consolidation est semé d’obstacles et nécessite une coopération intense entre les marchés boursiers européens, les gouvernements et les régulateurs nationaux. Espérons que les avantages potentiels l’emportent sur les défis résiduels et que le marché unique européen devienne enfin une réalité.